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2 avril 2015

Grève du 9 avril 2015

On veut du latin et du grec

 Chers parents d'élèves,

 

Le jeudi 9 avril 2015, je serai en grève. Bien que je sache que cela occasionnera des désagréments pratiques pour vos enfants et pour vous ce jour-là, il me semble important de manifester mon désaccord vis-à-vis de la réforme scolaire qui doit être adoptée le 10 avril prochain et qui sera appliquée à partir de la rentrée 2016.

 

Cette réforme m'inquiète en particulier en tant que professeur de Lettres classiques. Il me paraît en effet fondamental que vos enfants puissent :

  • choisir de suivre l'option Latin (voire l'option Grec ancien) quel que soit l'établissement dans lequel ils sont inscrits et quel que soit le projet d'établissement ; or, la réforme stipule que l'enseignement du latin relèvera (comme désormais d'autres options) des « marges horaires », c'est-à-dire ne se verra pas attribuer d'heures spécifiques, mais dépendra de la décision de l'équipe de direction de l'établissement, celle-ci se trouvant placée face à la contrainte de devoir choisir quelle option maintenir au détriment des autres (l'option Latin ou la section bilingue, par exemple)

  • bénéficier d'un nombre suffisant d'heures d'enseignement de latin pour pouvoir suivre efficacement cette option ; or, la réforme prévoit la diminution des heures d'enseignement du latin (une heure hebdomadaire au lieu de deux en cinquième, deux heures au lieu de trois en quatrième et en troisième)

  • et recevoir un enseignement de la part d'enseignants ayant eu une formation spécialisée dans ce domaine ; or, si la réforme comprend la mise en place d'un « Enseignement Pratique Interdisciplinaire (EPI) » en Langues et Cultures de l'Antiquité, celui-ci ne sera pas l'équivalent de l'option Latin qui existe actuellement, d'une part parce que son contenu sera défini au sein de l'établissement (et non plus nationalement) et d'autre part parce qu'il pourra être effectué par des professeurs d'autres disciplines (et non plus uniquement par des enseignants certifiés ou agrégés de Lettres classiques).

 

Plus généralement, la réforme a des aspects qui me paraissent néfastes pour la formation de vos enfants.

Il s'agit notamment de la réduction des heures d'enseignements disciplinaires (c'est-à-dire des cours de français, de mathématiques, d'histoire-géographie,... proprement dits) au profit de l'augmentation des heures de soutien scolaire (« Accompagnement personnalisé »). Il me semblerait plus sensé, non de réduire le nombre d'heures d'enseignements disciplinaires de l'ensemble des élèves, mais bien plutôt de proposer des heures de soutien en plus de ces heures d'enseignements disciplinaires aux élèves qui en ont besoin.

En outre, 20% des matières relèveront désormais (comme le latin) des « marges horaires », au lieu de disposer d'heures spécifiques (et donc garanties) pour leur enseignement. Cela signifie que chaque établissement devra faire des choix et renoncer à certaines disciplines optionnelles (ou devenues optionnelles) pour en préserver d'autres. Les sections européennes et bilingues seront concernées. C'est à mon sens fort regrettable, car je trouve très dommageable que des élèves qui ont l'envie et les capacités de suivre plusieurs options différentes perdent la possibilité de le faire. Notons aussi qu'ils risquent de pâtir d'un effritement de la cohésion de l'équipe pédagogique si les différents enseignants se trouvent mis en concurrence les uns avec les autres dans l'obtention d'heures pour leurs matières respectives...

 

C'est pourquoi, jeudi prochain, je n'assurerai pas mes cours mais j'irai défendre le droit de vos enfants à un enseignement diversifié et de qualité.

Mme Woisson

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